13

 

            De Darnoncourt, le taxi dans lequel Ruderi et la fille avaient pris place gagna Paris en à peine une heure et demie. Les pisteurs réunis par Oleg n’eurent aucune difficulté à localiser son point de chute. Numéro 1, au guidon de sa moto, ne les avait pas lâchés… Ruderi et la donzelle pénétrèrent bras dessus, bras dessous dans un immeuble situé au 17 de la rue Clauzel, à deux pas de la place Pigalle. Les pisteurs aperçurent la fille qui fermait des fenêtres avant de tirer des rideaux, au septième étage, juste sous les toits.

            – Ce pauvre Ruderi va s’envoyer en l’air, ricana Numéro 1, sitôt après avoir rejoint Oleg qui, assis sur un banc de la place voisine, observait une petite vieille occupée à nourrir des pigeons. Tu vois pas qu’il claque entre les pattes de la fille ? À son âge, tout de même…

            – Patientons…, soupira Oleg.

            Vers vingt heures, le couple quitta l’appartement et partit en vadrouille dans le quartier. La place Pigalle, la rue Fontaine, la rue des Martyrs, la rue Victor-Masse… Ruderi avait délaissé son vieux costume anachronique. Il portait à présent un complet de coupe très sobre, manifestement neuf, et donnait le bras à sa jeune compagne. Le simple fait de s’être débarrassé de ses hardes l’avait transformé. Il semblait marcher d’un pas plus sûr, moins saccadé, moins hésitant. Le couple s’arrêta devant les vitrines des sex-shops, des peep-shows, des boutiques de lingerie coquine, des cabarets où l’on proposait des spectacles de strip-tease. Rue des Martyrs, Ruderi et sa compagne échangèrent quelques mots en compagnie des travestis qui arpentaient le bitume près de Chez Michou, avant de finir par s’attabler un peu plus haut, dans une brasserie de la place des Abbesses. Oleg fut averti de leur progression minute après minute par Numéro 4.

            Rue Clauzel, la voie était libre. Numéro 2 et Numéro 5 s’introduisirent dans l’appartement. Trois chambres de bonne mansardées dont on avait abattu les cloisons, et qui, réunies, formaient un studio d’une bonne quarantaine de mètres carrés. Ouvrir la porte ne posa aucun problème à Numéro 2. Ruderi et la fille s’étaient contentés de claquer le battant sans prendre la peine de fermer le verrou. Numéro 2 glissa un bout de film de radiographie médicale dans le chambranle, fit vibrer la serrure en la martelant à petits coups de poing, remonta peu à peu le film jusqu’à ce que celui-ci rencontre le pêne, lequel coulissa sans rechigner. Ruderi eût-il pris soin de cadenasser son refuge à triple tour que cela n’aurait servi à rien. Numéro 2 était un virtuose en la matière. Natif de Liverpool, il avait vu son père, honnête serrurier, sombrer dans l’alcool durant les sinistres années Thatcher, et tabasser tous ses frères et sœurs avant de finir au trou pour avoir égorgé leur mère un soir de grande biture. Son paternel aurait pu s’offrir une brillante carrière dans la cambriole, et subvenir ainsi paisiblement aux besoins de sa petite famille, mais de vieilles séquelles d’éducation religieuse – tu ne voleras point ! – lui avaient interdit d’emprunter cette voie royale. Durant les entretiens préliminaires au recrutement de l’équipe, Oleg l’avait patiemment écouté narrer sa lamentable histoire avant de décider de s’adjoindre ses services.

            Numéro 2 entreprit donc une fouille en règle, tandis que Numéro 5, qui le suivait pas à pas, prenait des photographies de quasiment chacun de ses gestes à l’aide d’un appareil numérique. Ses mains gantées ouvrirent un à un les tiroirs des commodes, fouinèrent dans les placards, les étagères, l’armoire à pharmacie de la salle de bains, sans rien y dénicher d’intéressant. La fille semblait occuper les lieux comme en transit, entre deux escales. Il n’y avait là aucun bibelot, aucune photo, rien qui pût rappeler un quelconque attachement à un passé, aux divers souvenirs qui jalonnent une vie, incitent à la baliser de quelques points de repère… Numéro 2, concentré sur sa tâche, se livra scrupuleusement à l’inventaire des biens réunis sous ses yeux. Les meubles ? Fonctionnels, sans aucun effort d’harmonie. Le lit était défait, les draps froissés. Les vêtements que Ruderi portait à sa sortie de prison gisaient en vrac dans un coin de la pièce. L’appareil numérique flasha en rafales ce décor sinistre. Table, chaises, commode, canapé, gazinière et quelques ustensiles ménagers tout à fait communs. On se serait cru dans une chambre d’hôtel parfaitement anonyme. L’armoire à pharmacie – d’ordinaire lourde de secrets – recelait toute une profusion de produits cosmétiques, mais, curieusement, aucun médicament. Des fards à paupières, des crèmes, une collection de rouges à lèvres, de vernis à ongles, oui, en grand nombre, mais rien d’autre. En tapotant avec les poings, patiemment, Numéro 2 sonda les cloisons, le parquet, et finit par dénicher une cachette rudimentaire sous une des lattes, qu’il suffisait de soulever. Quelques liasses de billets usagés, des coupures de deux cents francs y étaient dissimulées, enveloppées dans un torchon. Dix mille francs au total. Numéro 2 remit le tout en place. Dans un des tiroirs de la commode, il mit la main sur un classeur de toile cartonnée. Quelques papiers administratifs y figuraient, bail, formulaires de contraventions pour racolage sur la voie publique, factures d’électricité ou de téléphone. Numéro 2 s’intéressa à plusieurs lettres recommandées avec accusé de réception émanant du propriétaire de l’appartement, et qui informaient sa locataire de sa grande colère due au fait qu’elle n’avait pas réglé son loyer depuis quatre mois. Elle se voyait ipso facto menacée d’une visite de l’huissier, qui se chargerait de la faire déguerpir. Numéro 2 poursuivit son inspection. Aucune trace de la moindre consultation médicale ou dentaire dans toute cette paperasse. Aucun relevé bancaire. Aucune trace non plus d’une quelconque affiliation à un régime d’assurances, privé ou public. Une existence pour ainsi dire en pointillé, suspendue au-dessus du vide. La fille s’appelait Ava. Ava Durier. L’inspection terminée, Numéro 2 et Numéro 5 quittèrent les lieux, non sans avoir sonorisé tout l’appartement à l’aide d’un matériel très performant. Au total, l’opération avait duré une heure à peine.

            Au restaurant, Ruderi se tapa copieusement la cloche. Ava veillait sur lui avec des airs énamourés et l’embrassait fréquemment, nullement gênée de s’afficher ainsi en compagnie d’un homme qui aurait pu être son grand-père. Numéro 4 s’était installé au bar et ne les avait pas quittés des yeux. Ruderi régla son addition en liquide, à l’aide d’un billet de cinq cents francs, et quitta l’établissement sans même attendre sa monnaie. À vingt-trois heures, il était de retour avec Ava dans leur petit nid d’amour.

            Oleg avait eu le loisir de visionner les photographies de l’appartement prises par Numéro 5. Numéro 4 l’avait rejoint dans sa voiture garée rue des Martyrs, à moins d’une centaine de mètres de chez Ava. Il était temps de brancher le matériel d’écoute. Le son était impeccable. Oleg entendit des râles, des soupirs, sur un fond de bruit de sommier qui couinait à n’en plus finir.

            – Ma parole, mais il la saute vraiment ! s’écria Numéro 4.

            – Mais non, elle lui joue la comédie, c’est une pro…, corrigea Oleg. Chez elle, on a trouvé des PV d’amendes pour racolage sur la voie publique !

            – Alors, si elle joue la comédie, elle la joue vraiment bien ! s’entêta Numéro 4.

            Au bout d’une vingtaine de minutes, râles et soupirs cessèrent. Une conversation s’engagea, chuchotée. Oleg distinguait parfaitement la voix flûtée de la fille et celle, un peu chevrotante, de Ruderi. Le hic, c’est qu’il ne comprenait strictement rien de ce qu’ils se disaient.

            – Ce n’est ni du français, ni de l’anglais, ni de l’espagnol. Encore moins de l’italien ! constata Numéro 4.

            – Ni de l’allemand, ni aucune langue slave, ajouta Oleg. Merde !

            De temps à autre, au fil des phrases, un mot français se glissait dans ce charabia. Voiture, télévision, téléphone… Après plus d’une demi-heure d’écoute attentive, Oleg put constater que ces mots concernaient tous des objets d’invention récente, comme s’ils n’avaient pas eu d’équivalent dans le dialecte qu’utilisaient Ava et Ruderi. Puis, après cette pause, râles et soupirs reprirent de plus belle.

            Oleg se passa la main sur le visage, décontenancé. Ava s’appelait Durier ? L’anagramme totalement translucide de « Ruderi » ? Lui qui passait sa vie à jouer à saute-frontière en usant de divers pseudonymes, d’identités hasardeuses, ne put s’empêcher de saluer un tel culot.

            – Je m’en vais, annonça-t-il. Tu prends le premier tour de garde. Numéro 3 viendra te relayer d’ici deux heures. Ne restez pas toujours garés à la même place, circulez dans le quartier, baladez-vous, la sono peut fonctionner à plus d’un kilomètre !

            Il quitta la voiture et sauta dans un taxi en maraude.

            *

 

            – C’est dingue ! lui annonça Numéro 3, qu’il rejoignit vers huit heures le lendemain matin, au comptoir d’un café de la place Pigalle. Tous les trois quarts d’heure, ça a recommencé, jusqu’à l’aube ! Ruderi a ouvert une des fenêtres et a grillé une cigarette, torse nu. Il faisait plutôt frisquet, mais ça n’avait pas trop l’air de le déranger. C’est seulement à ce moment-là qu’il s’est décidé à roupiller : on a commencé à l’entendre ronfler !

            – Va te reposer, ordonna Oleg en haussant les épaules. On les lâche plus. Ni lui ni Ava. Mais si tu veux mon avis, quand elle aura décidé que la comédie a assez duré, elle le virera. Il a à peu près cinquante mille francs sur lui, il peut flamber autant qu’il veut, elle aura vite fait de les lui éponger !

            Ava quitta l’immeuble de la rue Clauzel en fin de matinée. Selon les dires de Numéro 2, Ruderi lui en avait encore refilé un petit coup au bas des reins avant qu’elle ne prenne le large sur les environs de onze heures. Numéro 1 la pista dans le métro. Elle descendit à Arts-et-Métiers, longea le square, traversa le boulevard Sébastopol, et, parvenue rue Saint-Denis, prit la faction près de la devanture d’un sex-shop après avoir salué les quelques filles qui tapinaient dans les parages. Numéro 1 appela aussitôt Oleg sur son portable. Ava se prostituait. Dont acte. Elle venait d’ailleurs de monter avec un client.

            Peu après midi, Numéro 3 signala que Ruderi quittait lui aussi l’appartement de la rue Clauzel. Numéro 4 s’accrocha à ses pas. L’ex-taulard sillonna tout le quartier, le nez au vent, en ménageant de fréquents arrêts devant certains immeubles, certains passages… il n’était pas fatigué, mais sans doute prenait-il ainsi la mesure des transformations qu’avait subies la ville durant les années de son incarcération. Il passait de longues minutes à contempler le flot des voitures dont la carrosserie devait lui paraître bien étrange, les vêtements tout aussi surprenants qui ornaient les vitrines. Une sanisette plantée sur le boulevard de Clichy sembla le passionner. Peu à peu, il entraîna Numéro 4 vers le Sacré-Cœur, puis Montmartre. Ruderi flâna place du Tertre, les mains dans les poches. Il se retournait fréquemment pour lorgner le corsage, les cuisses, ou les fesses des jolies touristes, en connaisseur, et se permettait même d’émettre un petit sifflement de temps à autre. La filature était de tout repos. Ruderi n’affichait aucune méfiance, aucune inquiétude, comme si l’idée qu’on puisse s’intéresser à lui s’était avérée totalement saugrenue. À quatorze heures, il déjeuna dans une brasserie près du pont Caulaincourt. Numéro 4 constata qu’il avait décidément un bon coup de fourchette. La douzaine d’escargots, suivie de la choucroute qu’on lui servit, fut rapidement engloutie avant qu’il ne s’attaque à une part de tarte Tatin recouverte de crème Chantilly. Il vida trois demis au cours du repas, puis commanda un digestif, avant de reprendre sa balade, sans but apparent. Au milieu de l’après-midi, il héla un taxi boulevard des Batignolles. Numéros 1 et 5 se mirent aussitôt en chasse.

            La destination n’était autre que Rueil-Malmaison. Il descendit du taxi près du centre-ville puis marcha au hasard des rues. Peu à peu, pourtant, il devint évident qu’il cherchait son chemin. Il s’engagea dans une portion de la ville assez retirée, tranquille. Les passants se firent rares. Ruderi semblait hésiter, franchissant tel carrefour pour battre aussitôt en retraite avant d’emprunter une avenue des plus calmes, bordée de villas cossues, entourées d’un parc où s’épanouissaient des saules pleureurs, des chênes au tronc couvert de lichen, des jardins agrémentés de plan d’eau. Nullement découragé, il rebroussait chemin, zigzaguait sans manifester le moindre signe d’impatience, d’agacement. Il prenait son temps. Tout son temps. Oleg, au courant de ses pérégrinations, savait déjà à quoi s’en tenir. Aussi, quand Numéro 1 l’avertit enfin que Ruderi s’était arrêté devant la façade d’une maison à l’abandon, à la toiture éventrée, accueillit-il la nouvelle avec flegme. Ruderi revenait sur les lieux du crime, selon le vieil adage.

            *

 

            Margaret Moedenhuik avait bien entendu hérité de la villa de ses parents. Sa mère Clara avait continué d’y séjourner, des années après le drame, pour la fuir soudain, dès qu’elle fut convaincue que sa fille ne se relèverait jamais des séquelles consécutives à la séance de torture à laquelle elle avait été soumise. Elle avait tout abandonné sur place, le linge, la vaisselle, les meubles, la bibliothèque, jusqu’aux vêtements qui avaient appartenu à son mari, et qui moisirent au fond des penderies, livrés aux mites.

            La maison ne fut plus jamais habitée et se délita peu à peu. Parvenue à l’âge de la majorité, Margaret ne se résigna pourtant pas à s’en débarrasser, malgré les offres, nombreuses, qui lui parvinrent par l’intermédiaire de son notaire. À la suite de ses longs voyages, elle s’y rendit une dernière fois, avant de s’installer définitivement à Venise, au milieu des années 90. Comme en pèlerinage sur les lieux de son enfance broyée. Sa voiture s’arrêta devant le portail de fer forgé rongé par la rouille, cadenassé à l’aide d’une chaîne qu’il fallut faire cisailler par un serrurier appelé en renfort. La gouvernante qui veillait sur elle guida son fauteuil roulant sur l’allée recouverte d’un tapis de feuilles mortes, jusqu’au seuil de la villa. Margaret contempla longuement les vestiges d’un cheval à bascule qui n’en finissait plus de pourrir sur le perron. Les couleurs s’étaient estompées, le bois avait moisi. Un couple de pies avait élu domicile sur les débris de la selle de cuir pour y nicher et se mit à piailler, furieuses d’être ainsi dérangées. Margaret renonça à progresser plus avant. De ce qu’il était advenu du reste – et notamment de sa chambre de petite fille – elle ne voulut rien voir. Depuis tant d’années, les pillards avaient eu le loisir de se livrer à leurs razzias, délestant la demeure de tous ses trésors.

            *

 

            Ruderi rôda un moment autour de la maison, pensif. Elle était entourée d’un mur d’enceinte haut d’environ deux mètres. Soudain, il s’en écarta, prit une profonde inspiration et courut sur quelques pas pour prendre son élan. Au pied du mur, il fléchit les genoux, se tassa, accroupi, puis bondit. Ses mains agrippèrent le rebord. Il opéra ensuite un rétablissement à la force des bras. Le visage tendu par l’effort, il engagea sa jambe droite par-dessus l’obstacle, avant que le reste de son corps ne bascule à son tour. Sidéré, Numéro 1 avertit aussitôt Oleg.

            – Répète, ordonna celui-ci, l’oreille rivée à son portable.

            – Je te jure qu’il a escaladé le mur, confirma Numéro 1. Il a eu un peu de mal, mais il y est arrivé ! Qu’est-ce que je fais, j’y vais, moi aussi ?

            – Non ! Trop risqué ! Tu attends, trancha Oleg.

            *

 

            Ruderi s’avança prudemment dans le parc qui entourait la villa. Il progressa à pas de loup, de bosquet en bosquet, écartant de ses mains les arbustes en friche qui se dressaient sur son passage. Sur le perron, il aperçut les vestiges de quelques jouets qui avaient appartenu à Margaret. Les vitres des fenêtres étaient toutes brisées, quant à la porte d’entrée, elle avait carrément été démontée par des cambrioleurs, aussi pénétra-t-il sans difficulté dans le vaste séjour, vidé de ses meubles. Le parquet, moisi, empestait l’urine de chat. Une végétation dense avait colonisé les lieux. Un lierre épais, aux teintes mordorées, s’était lancé à l’assaut de l’escalier menant à l’étage. C’est à peine si Ruderi put distinguer la cheminée. Il quitta la maison à reculons, s’assit sur un banc et alluma une cigarette qu’il fuma lentement, en ruminant ses souvenirs devant ce décor dévasté. Puis il se dirigea vers les restes d’un appentis dont les parpaings vacillèrent quand il y prit appui afin de franchir le mur d’enceinte, en sens inverse.

            Numéro 1 le vit atterrir avec souplesse sur le bitume du trottoir. Ruderi poursuivit son chemin en sifflotant et revint d’un pas rapide vers le centre-ville pour prendre un taxi. Trois quarts d’heure plus tard, il était de retour chez Ava, rue Clauzel. La fille le rejoignit en début de soirée après avoir tapiné toute la journée, et, ainsi qu’Oleg s’y attendait, un nouveau concert de gémissements et de râles commença. Ils sortirent deux heures plus tard pour aller dîner dans un restaurant. Comme à l’accoutumée, Ruderi s’empiffra, pelotant sa belle entre deux bouchées, sous le regard désapprobateur mais un rien envieux des clients de l’établissement. Au retour des deux tourtereaux au bercail, Numéro 2 et Numéro 4 prirent le relais pour la surveillance de nuit. Les autres pisteurs avaient déjà regagné les chambres d’hôtel où ils avaient établi leurs quartiers, à proximité de la rue Clauzel pour se trouver à pied d’œuvre et limiter ainsi leurs déplacements…

            Oleg rendit visite à Numéro 1. Il lui fit répéter ce qui s’était exactement passé près de la maison de Rueil. Numéro 1 ne put que confirmer ses dires antérieurs. Ruderi avait bel et bien escaladé d’un bond le mur d’enceinte, sans trop d’efforts, après avoir pris son élan. De même, en quittant la villa, il avait atterri sur le trottoir avec souplesse, sans aucune grimace, sans aucun signe qui aurait pu indiquer que ses articulations encaissaient un choc bien trop violent chez un homme de cet âge. Oleg insista pour obtenir plus de détails. Numéro 1 ne sut que répondre.

            – On continue, sans prendre aucun risque, évidemment ! ordonna Oleg, décontenancé.

            Numéro 1 hocha la tête. Il se chargerait de répercuter la consigne. Oleg décida d’aller se reposer, lui aussi. En cas d’urgence, il pouvait être joint sur son portable. Il fila jusqu’à son appartement du quai de Béthune et prit un somnifère. En attendant le sommeil, qui tardait à venir, il rumina sa colère envers Margaret Moedenhuik, qui lui avait menti, ou du moins ne lui avait pas dit toute la vérité. Elle voulait savoir qui était réellement Ruderi. Oleg commençait tout juste à entrevoir ce que cela signifiait. Réellement.

 

Ad vitam eternam
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